L’île des chasseurs d’oiseaux, Peter May

L’île des chasseurs d’oiseaux, Peter May

N’ayant jamais chassé le fou de bassan, je ne savais pas trop comment m’équiper pour cette traversée vers l’île de Lewis et encore moins pour me rendre sur l’îlot inhospitalier de Sula Sgeir (appelé An Sgeir dans le roman). Du coup, j’ai enfilé l’intégralité de mon costume de marin et j’ai hissé la grand voile direction les Hébrides extérieures. HoOo ben dis, c’est pas la porte à côté ! Et la mer est agitée en plus. 

Malgré tout, je finis par accoster en plein cœur du Na h-Eileanan Siar dont le nom (en Gaélique) est déjà tout un voyage - et un poème. D’emblée je me dis que je fais bien d’être accompagnée par ce bon vieux Fin Macleod car c’est un gars du coin, et sans ça je vous fiche mon billet que personne ne m’aurait décroché un mot dans ce patelin de taiseux où on regarde débarquer les étrangers d’un œil suspicieux. C’est clair, ce qui se passe sur cette île battue par les vents reste sur cette île, et les gens d’ici n’ont pas besoin que des inconnus viennent fourrer le nez dans leurs affaires. De toutes manières, fourrer son nez dans leurs affaires est une affaire compliquée : tout d’abord, ils parlent gaélique, ensuite, ils ont des traditions ancestrales que personne ne peut comprendre et pour finir ils se méfient comme de la peste de tout ce qui vient de l’autre côté du mur d’Hadrien. 

Tout ça pour planter le décor. Parce que c’est important, le décor, dans cette histoire. Ailleurs, ça aurait donné tout autre chose, je n’en doute pas, et c’est une des raisons pour laquelle j’ai adoré ce roman. Depuis le temps que je rêve d’aller en Écosse ! Peter May a juste réussi à en rajouter une couche, et pas des moindre. Avant, je me disais : voir les Highlands et mourir, maintenant je vais dire voir les Highlands ET l’archipel des Hébrides et mourir. C’est dire si j’ai été séduite… Et pourtant, quand on survole ces pages, rien de très affriolant : c’est gris, délavé, la lande s’étend à perte de vue, que des cailloux, aucun arbre (on raconte que le dernier à été coupé je ne sais plus quelle raison), ça sent la tourbe, le varech et le guano, il fait moche un jour sur… deux ? un ? - je vous laisse imaginer le tableau. Pour compléter, disons aussi qu’il n’y a aucune perspective d’avenir hormis partir à la pêche, élever des moutons ou tisser du tweed… bref on comprend aisément qu’au-delà du fond de la bouteille de whisky, point de salut !

Bon mais c’est comme ça, les terres sauvages et coupées du monde, ça me fait kiffer et pis c’est tout. J’ai tout aimé dans ce roman : le décor comme je viens de dire, l’ambiance, les personnages, le voyage dans le passé et les trous de mémoire qui se comblent peu à peu, et enfin la noirceur et la poésie qui viennent enrober tout ça dans un purgatoire de brume.
Je ne vais pas m'appesantir sur le sujet, beaucoup d’encre a déjà coulée pour évoquer ce titre (et même quelques ancres aussi peut-être qui sait) mais une chose est sûre, il va me falloir au moins deux ou trois verres d’une certaine boisson bien tourbée pour m’en remettre (et surtout, attendre de trouver la suite à la bibliothèque).


Une p'tite phrase au hasard : 

"Voilà bien quelque chose de subjectif, la vérité."

Quatrième de couverture : Chargé de l'enquête sur un assassinat commis à Édimbourg, Fin Macleod est envoyé sur son île natale de Lewis, en Écosse, quand un second cadavre apparemment exécuté selon le même modus operandi y est découvert. Persuadé que les deux affaires ne sont pas liées, Fin doit composer avec un décor et des gens qu'il a quittés dix-huit ans auparavant… Sur fond de traditions ancestrales d'une cruauté absolue, Peter May compose un roman palpitant parsemé de fausses pistes, de scènes glaçantes et de personnages aussi frustes que menaçants.




Fou de bassan
Fou de bassan

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