La petite barbare, Astrid Manfredi
Après avoir voyagé dans les grands espaces de l'Ouest américain ou du Canada pendant plusieurs livres, j'ai voulu changer d'air - me dépayser en quelque sorte - en venant voir ce qui se passait du côté de la France. Bon eh bien me voilà renseignée !
Tout est petit dans ce pays on dirait. Le livre déjà pour commencer, mini mini, presque une nouvelle. La barbare ensuite, dans le titre, petite aussi. C'est d'ailleurs le titre qui m'a fait choisir ce roman, il me pose question : peut-on graduer la barbarie ? Un peu barbare, beaucoup barbare, passionnément barbare, barbare à la folie, ou pas du tout barbare. Ou alors on dit “petite” parce que la personne est de petite taille ? Une naine ? Une enfant ? J'ai la réponse, une enfant, presque. Un peu barbare. Ceci étant élucidé, ça parle de quoi ? Oui, barbare comment, dans quel sens ? Dans le dictionnaire on nous apprend que le terme barbare nous vient du grec ancien (bárbaros, étranger) et qu'il était utilisé par ces fiers Hellènes pour désigner les peuples n'appartenant pas à leur civilisation et dont ils ne parvenaient pas à comprendre la langue.
Ok, on avance. Donc cette enfant, cette jeune fille, est peut-être une Thrace, une Scythe ? Vient-elle de Perse ou de Phrygie ? Mais noOoon allo quoi ! On est en 2017 hein ! Alors barbare sans doute parce que nous autres, gens civilisés, ne comprenons pas son charabia. Voilà, c'est ça. C'est là que je commence à tiquer. On ne comprend pas comment elle pu faire ce qu'elle a fait (vous saurez quoi en lisant le livre, ne comptez pas sur moi pour balancer), on ne comprend pas comment de telles choses peuvent se produire, ici, en France, sous nos yeux. Ben justement c'est ça le problème, ça ne se passe pas sous nos yeux, parce que nos yeux, nous prenons bien soin de les tourner d'un autre côté, on préfère regarder ailleurs, il y a beaucoup de choses que nous ne voulons pas voir, beaucoup de choses qui ne correspondent pas à notre idée de ce qu'est la culture ou la civilisation. Barbares donc. Je ne veux pas me faire l'avocat du diable, en aucun cas je ne cautionne ni n'excuse ou cherche à minimiser les actes relatés dans cette histoire, par contre je veux juste qu'on se pose parfois les bonnes questions. Même si la réponse dérange, même si ça bouscule un peu nos certitudes, même si c'est vrai, ça fait ch*** parce que si on est honnête on admet qu'on fait tous un peu pareil, on détourne bien souvent le regard.
Ce que j'ai bien aimé dans ce livre, c'est que l'auteur ne cherche pas à faire de leçon de morale, ni dans un sens, ni dans l'autre, elle ne rentre pas non plus dans les détails sordides de ce fait divers, non, elle se place juste dans la tête de cette petite barbare qui est “née du mauvais côté, là où rien ne passe, pas même la police”, qui ne demandait que deux choses dans la vie, “du champagne et de l'amour”, et qui à la place de ça a vu un mec mourir dans une cave et n'en a rien eu à foutre. Voilà la trash réalité, la barbare réalité, le dark side of our civilisation.
La petite barbare n'a pas de nom, elle n'en a pas besoin, la petite barbare c'est personne et en même temps, des filles comme elle, il y en a plein nos banlieues. Je vais lui laisser les derniers mots : “ Nous ne sommes pas des bêtes, ni même des monstres.Nous sommes le fruit des entrailles du déni.”
Bref, on a les barbares qu'on se crée. Amen.
Une p'tite phrase au hasard :
"Parfois, derrière les mots, il y a des choses puissantes."
Quatrième de couverture : La rage au ventre, le vide au cœur. La Petite Barbare, comme on l’appelle en prison, n’a pas baissé les armes. Ce qu’elle voulait ? Une coupe de champagne et la beauté du diable. Leur faire cracher, à ceux qui sont nés du bon côté, l’argent que son berceau de béton, d’échec, de haine, lui interdisait. La vie facile. Alors, elle a détourné les yeux. Laissé faire l’horreur. Pas de remords. Juste quelques mots, quelques mots d’un livre, et la possibilité infime d’une rédemption, peut-être…
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