Clouer l’ouest, Séverine Chevalier

Clouer l’ouest, Séverine Chevalier

A vrai dire je ne sais pas trop quoi raconter à propos de ce livre. J’avais une furieuse envie de le lire après avoir lu deux trois trucs dessus, notamment suite à ma découverte des romans de Franck Bouysse (Grossir le ciel et Plateau) que j’ai adorés, je m’imaginais un peu quelque chose du même style, allez savoir pourquoi... Sans doute à cause de la proximité géographique, ce mythique plateau de Millevaches où la France est profonde et l’humain plutôt rustre. En plus, ici aussi un des personnages se prénomme Karl. Bref. Mais à part ça, rien à voir. Une déception pour moi.

J’ai aussi entendu parler à propos de ce livre de nature writing à la française… Mouais, ça se discute. Nature writing en mode impressionniste alors, parce que tout se passe par petites touches là dedans, l’écriture est très particulière. Peut-être un peu trop impressionniste pour moi d’ailleurs. Et en même temps, ça va assez bien avec le sujet, le lecteur est immergé sans même s’en rendre compte dans cette atmosphère grise de désespoir, il est plongé à la fois dans l’esprit introspectif de Karl et dans ces paysages en noir et blanc, rudes et glacés. Totale ambiance “No future” mais sans le côté flamboyant associé au mouvement punk si vous voyez ce que je veux dire.
Et puis il y a surtout un vrai malaise et une violence sourde qui s’échappent de ces pages, évidemment il fallait s’y attendre avec un titre pareil. Clouer l’ouest. Sans déconner, rien que ça ! C’est super violent ! Moi ça m’a tout de suite évoqué l’idée de crucifixion (ouais violent j’vous dis !). Et au final ce n’est pas seulement l’ouest qui est cloué dans cette histoire, non, le passé aussi est cloué, l’enfance, crucifiée, la famille, pareil, crucifiée, l’amour, késako ? et l’avenir, l’espoir, n’en parlons même pas, crucifiés d’avance, comment faire autrement ?

Alors voilà, je n’ai pas aimé ce roman autant que je l’aurais voulu, autant qu’il le mérite sans doute, mais j’avais des attentes fortes et du coup ma déception - dès les premières pages - m’a empêché d’y trouver ce que j’aurais pu y trouver. Peut-être. C’est vrai que normalement j’aime bien ces histoires où l’on se promène sur la ligne floue entre passé et présent, j’aime bien ces silences, ces non-dits, ces fatalités écrasantes et cette noirceur qui englobe. Normalement.
D’un autre côté j’ai vraiment buté sur ce style d’écriture bien trop éthéré et désincarné à mon goût. Ou alors ce n’était pas le bon moment ? Quoi qu’il en soit, dix jours après avoir refermé ce livre je dois reconnaître qu’il ne m’en reste pas grand chose, et ça, ce n’est pas bon signe...


Une p'tite phrase au hasard : 

" Sur le présentoir, dans la station-service, une mer bleue, un palmier vert, des voiles blanches gonflées, et vous, le bonheur, vous l'imaginez comment ? "


Quatrième de couverture : Après des années d’errance, Karl joueur compulsif et désargenté retourne au sein de sa famille qu’il n’a plus revue depuis plus de vingt ans. Son père est un vieillard égoïste qui a rejeté ses deux fils comme lui-même le fut par son propre père. Pierre, dit l'Indien, frère mal aimé par tous, vit désormais à l’écart. Aucun n'attache une réelle importance à ce retour. Aux abois, stigmatisé par son échec, Karl est un poids pour ses vies construites sans lui. Au cœur d’une forêt limousine rode un sanglier solitaire que les chasseurs ne parviennent pas à abattre.

sanglier

Commentaires

  1. Pour la petite histoire, j'ai cloué l'Ouest dans mon train pour le grand Est... J'en ai perdu le Nord ;)

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  2. Ça a le mérite d'être clair. J'adore les billets sur les déceptions!
    J'ai été envoûté par "Grossir le ciel" et "Plateau". Après avoir feuilleté ce roman de Séverine Chevalier, j'ai hésité. Finalement, j'ai bien fait de ne pas l'avoir embarqué. C'est le style qui m'a laissée froide.

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    1. Bizarrement c'est parfois plus facile d'écrire sur une déception. N'empêche que concernant ce livre tu as eu du flair de ne pas le prendre. Je suis également restée totalement hermétique au style.

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