Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson
26 août.
Ce matin un rayon de soleil vient se poser sur la table, éclairant ma tasse de thé comme pour me montrer ce qui est important. Je passe plusieurs heures à regarder simplement par la fenêtre, le temps passe différemment sous ces latitudes et rien ne s’oppose à la rêverie qui est ici élevée au rang d’art de vivre. Un art que j’ai adopté très rapidement d’ailleurs, comme on enfile de vieux chaussons. Dehors il fait -33°, je songe à la chance que j’ai d’avoir un bon livre et de pouvoir passer le reste de ma journée dans la chaleur matricielle de ma cabane. J’ai débité suffisamment de bois hier pour me permettre de passer plusieurs jours sans corvée et me laisser porter uniquement par mes envies…
…Ouille ! La réalité me rattrape soudain. Je ne suis pas dans une cabane. Il ne fait pas -33°. Je n’ai pas coupé de bois et je n’ai pas passé la matinée à regarder par la fenêtre. Mais tout n’est pas perdu fort heureusement : j’ai quand même une tasse de thé, une théière entière d’ailleurs si ça me chante, et j’ai un bon bouquin. Ou plutôt, je viens de finir un bon bouquin. J’ai vraiment apprécié la lecture de ce récit de Sylvain Tesson qui partage avec le lecteur ébahi une expérience éblouissante et poétique, celle de sa retraite de 6 mois dans la blancheur sibérienne du lac Baïkal. Pour tout dire, j’en suis restée baba ! Il mélange au petit bonheur la chance au fil de pages considérations philosophiques, poétiques, descriptions de cette nature sauvagement immaculée et annotations logistiques du quotidien. Après avoir parcouru une bonne partie du monde, escaladé des montagnes et traversé des déserts, cet écrivain baroudeur a voulu tenter l’aventure de l’immobilité. Pour cela, il choisit de s’enfermer 6 mois dans une cabane en rondins de 9m² avec un stock impressionnant de vodka, des cigares, mais aussi des livres et de quoi manger et chercher à manger bien sûr. Et il tient son carnet de bord, et c’est inspirant (la preuve, mon petit préambule directement influencé par la “Tesson’s touch”).
Cette retraite volontaire lui permet de retrouver à nouveau (et d'apprécier) ce qui a réellement de la valeur et qu’on n’arrive plus à distinguer lorsqu’on est happé par notre société de surconsommation mondialisée. Vivre en ermite permet donc de réapprendre à s'émerveiller devant des choses simples, de réapprendre à maîtriser le temps et l’espace et de tenter de mieux se connaître soi-même. Ceci dit, j’ai été étonnée de voir que même dans cet endroit complètement paumé on pouvait se faire aussi régulièrement envahir : des voisins (éloignés bien entendu), des pêcheurs, des peintres en goguette et même un oligarque russe en mal de nature. Et chacune de ces “invasions” est l’occasion d’une beuverie vodkaienne, mais ça c’est très russe n’est ce pas ?
Comme à chaque fois que je lis ce type d’ouvrage, je me dis que c’est une expérience que je tenterai volontiers, gratter comme ça le superflu, le facteur alcool en moins pour le coup, et je choisirai sans doute aussi une contrée au climat moins, comment dire ?, moins supra négatif ^^. Quoique…
Pour achever cette expérience, je vais regarder le documentaire réalisé par Sylvain Tesson lors de son ermitage et bien évidemment aussi l’adaptation cinématographique du livre.
Une p'tite phrase au hasard :
"J'ai atteint le débarcadère de ma vie. Je vais enfin savoir si j'ai une vie intérieure."
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