Dans le grand cerle du monde, Joseph Boyden

Dans le grand cerle du monde, Joseph Boyden

Décidément, Joseph Boyden est un grand. J’avais déjà beaucoup aimé mes deux précédentes expériences, notamment Le chemin des âmes, mais avec ce roman il passe au niveau supérieur… C’est vraiment magistral, quelle claque ! En quelques mots : grandiose (comme les espaces infinis du canada), épique (une épopée sauvage), violent (comme le sont toutes les guerres), mais au final profondément humain et plein d’une poésie déchirante. Les personnages sont magnifiques, même ceux qu’on n’aime pas, et ce qui est vraiment fort c’est que l’auteur donne la parole à chacun des partis impliqués (et sans parti pris s’il vous plaît !) : les Hurons, les Iroquois et les Jésuites français. Eh oui je sais, encore une histoire d’indiens… mais bon que voulez-vous, on ne se refait pas, je suis fan. À ce propos, ça me gêne un peu de dire “Huron” car ce nom a été donné à ces indiens par les colons français à cause de leurs coiffures qui rappelait la hure du sanglier femelle en France. Insupportables ces européens qui débarquent partout et transforment l’existant en fonction du petit bout de leur lorgnette ! En réalité, les enfants d’Aataentsic, le peuple Wendat, est composé de cinq tribus distinctes : les Attignawantan, les Attignaenongnehac, les Arendaronon, les Tahontaenrat et les Ataronchronons. Pas facile à prononcer certes, mais c’est quand plus joli non ? Bien avant l’arrivée des européens dans l’Ontario, le peuple Wendat se battait contre les Iroquois. Ces guerres ancestrales, malgré une cruauté inimaginable, se faisaient avec un grand respect de l’ennemi, respect de sa valeur et de ses croyances, les tribus savaient que pour survivre dans ce monde hostile certaines choses étaient primordiales.
Je ne vais pas rentrer dans le détail mais si vous choisissez de lire ce roman, accrochez-vous et rappelez-vous toujours que la nature est sauvage par nature. Évidemment, avec l’arrivée des blancs ce fragile équilibre est rompu et l’avancée des Jésuites entraîne insidieusement mais irrémédiablement la perte de toutes ces peuplades. En effet, non contents d’apporter avec eux des maladies qui détruiront en un rien des tribus entières, et l’alcool qui fera les mêmes ravages, il faut savoir que le mercantilisme forcené des européens (français et anglais en l'occurrence) a été l’élément déclencheur du génocide des Hurons par les Iroquois. Oui, ce massacre a eu lieu au cours de la guerre des fourrures dont le but était de prendre le contrôle des territoires de chasse aux castors dont les peaux étaient destinées au commerce avec les Européens. Les français arrivent et soutiennent les Hurons, les anglais arrivent et soutiennent les Iroquois. Non pas pour les aider bien sûr, mais pour s’assurer du profit de l’exploitation de ces terres. Bref, commerce et religion, voici les deux mamelles de la colonisation responsables de la disparition de ces fabuleuses cultures. 
Mais attention, ce livre ne se résume pas à ça ! C’est moi qui donne ces explications simplement pour vous situer le contexte dans lequel prend place ce récit magnifique et d’une beauté saisissante. Non, il y a beaucoup plus dans ces pages et, vraiment, je vous encourage tous à prendre place dans le Grand cercle du monde et à partir à la rencontre de Oiseau, Chute-de-neige et Corbeau Christophe. Malgré ses 600 pages, on lit ce roman comme on se balade en forêt, le rythme est bon, il n’y a rien de superflu et on tourne la dernière page avec regret. Et d’ailleurs, bye bye tout le monde, je vous quitte, je vais devenir indienne ^^


Une p'tite phrase au hasard : 

" Ce n'est pas toujours en obtenant ce qu'on veut qu'on tire la meilleure des leçons. "


Quatrième de couverture : Après Le Chemin des âmes et Les Saisons de la solitude qui l’ont imposé parmi les grands écrivains canadiens contemporains, Joseph Boyden poursuit une œuvre ambitieuse. Situé dans les espaces sauvages du Canada du XVIIe siècle, ce roman épique, empreint tout à la fois de beauté et de violence, est d’ores et déjà considéré comme un chef-d’œuvre.Trois voix tissent l’écheveau d’une fresque où se confrontent les traditions et les cultures : celle d’un jeune jésuite français, d’un chef de guerre huron, et d’une captive iroquoise. Trois personnages réunis par les circonstances, divisés par leur appartenance. Car chacun mène sa propre guerre : l’un pour convertir les Indiens au christianisme, les autres, bien qu’ennemis, pour s’allier ou chasser ces « Corbeaux » venus prêcher sur leur terre. Trois destins scellés à jamais dans un monde sur le point de basculer.Mêlant lyrisme et poésie, convoquant la singularité de chaque voix – habitée par la foi absolue ou la puissance prophétique du rêve – Boyden restitue, dans ce roman d’une puissance visuelle qui rappelle Le Nouveau Monde de Terrence Malick, la folie et l’absurdité de tout conflit, donnant à son livre une dimension d’une incroyable modernité, où « le passé et le futur sont le présent. »

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