Le fils, Philipp Meyer

Le fils, Philipp Meyer

“Les chats ne font pas des chiens” dit-on. Oui, peut-être. Il se trouve cependant que la génétique à ses raisons que la raison ignore et que parfois si, les chats peuvent faire des chiens - ou inversement. Avec Le fils, Philipp Meyer s’amuse donc à bouleverser les lois de la biologie mais aussi celles de la physique puisque nous voyons bien que, quoiqu’en dise Newton, parfois la pomme peut tomber loin de l’arbre. 

Avec ça, j’ai à la fois tout dit et rien dit. Vous comprendrez mieux en lisant le livre qui va vous offrir une petite démonstration en 688 pages. Eh oui, c’est un pavé ! Mais n’ayez pas peur, il s’avale le temps d’un rien tellement c’est fluide et bien rythmé grâce à cette narration en trois parties qui correspondent chacune à l’histoire d’un des membres de la famille McCullough. Comme son nom l’indique, le livre parle d’un fils -  qui est aussi un père et un grand père, il parle également d’un père qui est aussi grand-père et arrière grand-père et enfin, il parle d’une petite-fille qui est aussi une mère et une arrière-petite-fille. Et bien sûr, le fils ne ressemble pas au père, le père quant à lui à eu plusieurs pères à qui il ressemble plus ou moins, et la petite-fille est plus proche de l’arrière grand-père que de son père. Vous me suivez ? En réalité le lecteur est porté par un souffle inouï qui l’emporte d’une histoire à l’autre et d’une époque à l’autre sans qu’à aucun moment il ne se sente perdu ou embrouillé. Je vous assure ! Et c’est époustouflant. 
Au-delà de l’histoire de cette famille, Philipp Meyer nous offre un aperçu de l’histoire du Texas qui est comme un océan de sable et de fureur où les vagues se suivent et ne se ressemblent pas : d’abord, les espagnols chassent les indiens, les mexicains remplacent ensuite les espagnols, puis le Texas devient indépendant pour une courte période avant que les “anglos” ne chassent les mexicains (et ce qui reste d’indiens) pour rattacher la région aux Etats-unis, du côté des esclavagistes sudistes. Et aucun de ces peuples n’a de leçons à recevoir en ce qui concerne la barbarie, ils se massacrent allègrement les uns les autres pour se voler de quoi vivre : des chevaux, des bisons, des fusils dans un premier temps et au fil des ans avec le changement de mode de vie et ce qu’on appelle parfois “le progrès”, la terre du dessus n'intéresse plus personne et le pétrole devient l’or du Texas… On se sent tout petit d’un coup n’est ce pas ? Et en effet, on constate vite que d’un bout à l’autre, la vie humaine ne vaut pas tripette. Pourtant, avec ces trois personnages qui sont à la fois témoins et acteurs de tout ça, c’est bien à la vie humaine qu’on se frotte, c’est bien les hommes qui ont façonné ce mythe du grand ouest américain, ces hommes pour qui la vie est un combat perpétuel, ces hommes qui ont scellé par le sang leur place sur cette terre et le destin de leurs familles. 

Alors voilà, oui, c’est ambitieux. Mais oui et trois fois oui, c’est réussi, j’en suis restée scotchée et j’ai vraiment aimé cette lecture, ces grands espaces, cette sauvagerie (pouvait-il en être autrement dans un tel environnement ?) mais aussi cette humanité qui sait toujours surgir quelque part au moment où on l’attendait plus…



Une p'tite phrase au hasard : 

"Elle n'avait jamais eu besoin de beaucoup d'affection, elle n'attendais pas grand-chose des autres. Mais il y avait bien sûr le revers de la médaille : elle n'avait pas grand-chose à donner non plus."

Quatrième de couverture : Vaste fresque de l’Amérique de 1850 à nos jours, Le Fils de Philipp Meyer, finaliste du prestigieux prix Pulitzer 2014, est porté par trois personnages, trois générations d’une famille texane, les McCullough, dont les voix successives tissent la trame de ce roman exceptionnel.
Eli, enlevé par les Comanches à l’âge de onze ans, va passer parmi eux trois années qui marqueront sa vie. Revenu parmi les Blancs, il prend part à la conquête de l’Ouest avant de s’engager dans la guerre de Sécession et de bâtir un empire, devenant, sous le nom de « Colonel », un personnage de légende.
À la fois écrasé par son père et révolté par l’ambition dévastatrice de ce tyran autoritaire et cynique, son fils Peter profitera de la révolution mexicaine pour faire un choix qui bouleversera son destin et celui des siens.
Ambitieuse et sans scrupules, Jeanne-Anne, petite-fille de Peter, se retrouvera à la tête d’une des plus grosses fortunes du pays, prête à parachever l’œuvre de son arrière-grand-père.
Il est difficile de résumer un tel livre. Porté par un souffle hors du commun, Le Fils est à la fois une réflexion sur la condition humaine et le sens de l’Histoire, et une exploration fascinante de la part d’ombre du rêve américain.

Le fils, Philipp Meyer

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