Le Diable, tout le temps, Donald Ray Pollock
♫ White Americaaa, I could be one of your kids, white Americaaa ♫♫ … Oups, attendez, je coupe le son et je suis à vous.
Oh Bonne Mère (comme dirait ma grand-mère), je me demande pourquoi j’ai attendu tant de temps pour lire ce livre ! Pas grave, je me suis rattrapée en dévorant les pages comme une vorace. C’est tout bonnement époustouflant, on se prend en pleine face une bonne grosse dose d’Amérique white trash dans toute sa splendeur et attention, c’est pas joli joli, je vous préviens. Cœurs purs et âmes sensibles abstenez-vous, ici on croise tous les tordus, les laissés-pour-compte, les obsédés sexuels, les méchants minables et les vrais salopards que l’on sait (si si, on le sait, non non ce n’est pas un cliché) peupler le fin fond des Etats-Unis. Et ça ressemble à la fin du monde, carrément, ou en tout cas il faudrait que le monde finisse, ça vaudrait mieux, s’il doit vraiment ressembler à ça…
Au fil des pages, on observe cette tripotée de paumés qui se démènent pour essayer de tirer leur épingle du jeu mais au final, comme tous les dés sont pipés, tout le monde perd. Et quand je dis tout le monde, c’est tout le monde. Et quand je dis perdre, c’est tout perdre. Déjà qu’ils avaient pas grand chose à la base hein. Alors oui c’est sûr, ce n’est pas La petite maison dans la prairie ici et oui, ça doit forcément être un coup du diable (tout le temps), j’en mettrais ma main au feu.
Le découpage des chapitres est parfait, il nous permet de suivre plusieurs intrigues dont on se doute qu’elles finiront fatalement par converger pour le meilleur ou pour le pire. Bah non en fait, uniquement pour le pire, c’est mieux comme ça. Et tout converge effectivement, la croisée des chemins prenant ici la forme d’un pouce levé sur le bord d’une route quelque part au milieu du grand rien que sont les campagnes américaines. Mais stop, je ne dis rien de plus sur le sujet, ce serait dommage de trop vous en dévoiler (message subliminal : lisez le livre).
Un truc que j’ai vraiment apprécié, c’est que l’auteur ne cherche pas à justifier le comportement de ses personnages, il ne prend pas la peine de leur trouver des circonstances atténuantes, il se contente de les regarder - et donc de nous les montrer - en train de s’échiner à essayer de vivre leur misérable existence. Pas de côté moralisateur non plus, ouf.
Alors voilà, c’est diaboliquement bon, je suis fan et j’attends le nouveau D. R. Pollock avec impatience (et tant mieux parce c’est pour bientôt).
Une p'tite phrase au hasard :
"Au bout d'un moment, la réussite des autres, ça vous pèse."
Quatrième de couverture : Dès les premières lignes, Donald Ray Pollock nous entraîne dans une odyssée inoubliable, dont on ne sort pas indemne.
De l'Ohio à la Virginie Occidentale, de la fin de la Seconde Guerre mondiale aux années 60, les destins de plusieurs personnages se mêlent et s'entrechoquent. Williard Russell, rescapé de l'enfer du Pacifique, revient au pays hanté par des visions d'horreur. Lorsque sa femme Charlotte tombe gravement malade, il est prêt à tout pour la sauver, même s'il ne doit rien épargner à son fils Arvin. Carl et Sandy Henderson forment un couple étrange qui écume les routes et enlève de jeunes auto-stoppeurs qui connaîtront un sort funeste. Roy, un prédicateur convaincu qu'il a le pouvoir de réveiller les morts, et son acolyte Théodore, un musicien en fauteuil roulant, vont de ville en ville, fuyant la loi et leur passé.
Toute d'ombre et de lumière, la prose somptueuse de Pollock contraste avec les actes terribles de ses personnages à la fois terrifiants et malgré tout attachants. Le diable tout le temps n'est pas sans rappeler l'univers d'écrivains tels que Flannery O'Connor, Jim Thompson ou Cormac Mc Carthy.
« Voici un livre violent, obsédant, déchirant et vraiment excellent. Une chose est certaine : vous lirez chaque mot, du premier jusqu'au dernier. » The Washington Post
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