Homesman, Glendon Swarthout

Homesman, Glendon Swarthout

Il y a des tas d’endroits et un paquet d’époques où il ne fait pas bon être une femme, c’est indiscutable. Nous en avons une nouvelle illustration ici, dans cet endroit nommé “le Territoire” ou encore “la Frontière”, ce vaste no man’s land (ou plutôt no white man’s land car ce territoire n’est pas vide mais habité par des peuples amérindiens) qui s’étire entre le Mississippi et l’océan Pacifique. 
Bref, quoi qu’il en soit au temps de ce qu’on appelle la conquête de l’Ouest, l’idée d’une terre promise grandit parmi la population de l’Est Américain et des colons de plus en plus nombreux se lancent dans l’aventure en quête d’une vie meilleure, suivant ce qu’ils nomment leur “destinée manifeste”. Ça claque hein ? Les voici donc sur les routes poussiéreuses, ces fringants colons, avec chariots, femmes et enfants comme il se doit. Ils avancent inexorablement vers l’autre océan du continent s’arrêtant là où ils trouvent une terre à occuper, une concession encore libre. Ils s’arrêtent, ils construisent des maisons (des cavernes de terre plutôt), ils suent sang et eau pour cultiver des terres plus ou moins ingrates, ils se multiplient comme l’exige le Seigneur, ils construisent des villes (fantômes ou pas) et accessoirement ils tuent des indiens. Mais ce n’est pas le sujet de ce livre. Non, c’était simplement pour situer l’époque et poser le décor.

Homesman, ce n’est donc pas l’histoire d’une trajectoire d’Est en Ouest mais plutôt le contraire, demi-tour toute ! Oui, Glendon Swarthout nous parle du chemin inverse, beaucoup moins glorieux, beaucoup plus amer, du chemin inverse que l’on doit prendre quand on est arrivé au bout de ses forces, quand on ne peut plus continuer, quand la seule possibilité qui reste c’est de retourner à son point de départ. Comme quoi, quand on vous dit “terre promise”, méfiez-vous, fuyez, ne soyez pas naïfs, des promesses, toujours des promesses, c’est bien une des seules choses qui n’a pas changé et qui ne changera jamais. C’est d’autant plus vrai si vous êtes une femme, croyez-moi.
La vie est rude dans le Territoire, le confort n’existe pas, les interactions humaines sont rares, parfois il faut faire trente kilomètres pour trouver un voisin, les conditions climatiques ne sont pas idéales non plus, c’est le moins qu’on puisse dire, et le travail est harassant. Bon, faut vraiment être motivé quoi, mais malgré ça, il arrive que l’on craque, qu’on baisse les bras ou qu’une goutte d’eau fasse déborder le vase. C’est ce qui arrive à quatre femmes dans ce roman, pour diverses raisons que vous connaîtrez en lisant le livre, elles perdent complètement la tête. Et là, patatra, que faire ? Eh bien le problème justement c’est qu’il n’y a pas de solution sur place, d’où la nécessité de ce trajet de retour qui nous est raconté ici. Allo, allo, colon renvoie colonne à la case départ, help reprenez votre fille/soeur/cousine, elle est folle, elle ne sert plus à rien ici, je n’en veux plus !

Pour ma part, malgré l’intérêt du sujet et la qualité du texte, j’ai eu du mal à apprécier vraiment cette lecture avant d’en arriver aux alentours de la page 200 (eh oui, il faut savoir s’accrocher parfois et attendre l’étincelle). A un moment donné un élément que je ne peux pas dévoiler fait que tout bascule et que le livre prend une nouvelle dimension, beaucoup plus intense et intéressante à mes yeux. Avant ce moment, je m’ennuyais un peu je l’avoue, le personnage de Mary Bee Cuddy m’agaçait avec son côté trop “chrétien” si vous voyez ce que je veux dire, je pensais que tout serait cousu de fil blanc et que l’histoire irait là où je la voyais aller… Eh bien, une fois n’est pas coutume, figurez-vous que j’ai été ravie de me tromper !

Quatrième de couverture : Au cœur des grandes plaines de l'Ouest, au milieu du XIXe siècle, Mary Bee Cuddy est une ancienne institutrice solitaire qui a appris à cultiver sa terre et à toujours laisser sa porte ouverte. Après un hiver impitoyable, quatre femmes, brisées par les conditions de vie extrêmes sur la Frontière, ont perdu la raison. Aux yeux de la communauté des colons, il n'y a qu'une seule solution : rapatrier les démentes vers l'Est, leurs familles et leur terre d'origine. Mary Bee accepte de les escorter à travers le continent américain. Pour la seconder, Briggs, un bon à rien, voleur de concession voué à la pendaison, devra endosser le rôle de protecteur et l'accompagner dans son périple.
Aventure exaltante et quête à rebours, Homesman est le portrait d’une femme exceptionnelle, de celles qui ont bâti de leurs deux mains l’Amérique.

Commentaires

  1. Pas de fil blanc ici. Rien de trop prévisible non plus. Moi, j'ai été charmé de bout en bout. Tu en as mis du temps à accrocher, mais avoue que ça valait le coup!!
    Et pour une fois, j'ai trouvé que le film était à la hauteur du livre.

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    1. Je n'ai pas encore vu le film mais je compte bien le faire et j'espère aussi qu'il sera à la hauteur.

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