Butcher’s crossing, John Williams
Dans ce livre, ce que j’ai préféré, c’est la couverture. Bon ok j’exagère un chouia, mais il faut dire que j’ai le sentiment d’être passée un peu à côté de cette lecture, même si - comme l’indique le titre - j’y ai bel et bien croisé des bouchers. Peut-être que ce n’était pas le bon moment, peut-être que j’avais encore trop la tête dans la forêt de ma lecture précédente, peut-être, et peut-être aussi que je n’aime pas les histoires de chasse tout simplement (sauf si c’est une chasse à l’homme, on est d’accord, un seul animal mérite ce sort et c’est l’homme). Ouais ça doit être ça, j’avais eu le même problème avec Goat Mountain de David Vann (même si pour le coup il s’avère que la cible finalement - par hasard - était la bonne).
Je n’aime pas la chasse, ni surtout les chasseurs, ces êtres unicellulaires dotés de trois neurones, d’un doigt gâchette et d’un œil de visée. Et là, à Butcher’s crossing, on peut dire j’ai été servie niveau gros péquenots imbibés de whisky et dopés à la testostérone. En prime j’ai même eu droit au jeune blanc bec, parfaite illustration de ce qu’on appelle communément dans nos contrées un “petit con”, un papa pasteur, des études à Harvard, un portefeuille bien garni et un avenir tout tracé. Sauf que le pauvre petit Will ne veut pas de ça, il s’ennuie le choupinet, il veut de l’aventure, il veut aller voir ailleurs si c’est plus funky, et, du fond de sa crise existentielle, il se met en tête que la seule chose qui pourra donner du sens à sa vie c’est d’aller chasser le bison avec des hommes, des vrais. Soit. Le voilà donc qui s’en va au fin fond du trou du c** du Kansas (avec une lettre de recommandation de papa en poche quand même, faut pas déconner hein) en espérant se joindre à une expédition.
Bref, il trouve le bon gars, et les voilà parti à la recherche d’un mythique troupeau de bisons soit-disant caché bien peinard au cœur d’une vallée secrète des Rocheuses. Et là, ça dérape, je vous passe les détails parce que - comme je disais tout à l’heure - les scènes de chasse c’est pas mon truc. J’ai encore les mains poisseuses rien que d’avoir tourné ces pages mais sachez qu’il suffit d’un tireur et de deux écorcheurs pour décimer plus de trois mille bisons en quelques semaines. Imaginez l’odeur, toutes ces carcasses pourrissantes abandonnés sur le sol, toutes ces peaux à détacher et à préparer… Atroce ! Parce que oui, inutile de le préciser, à ce niveau là, la chasse, ce n’est pas pour se nourrir (ben non quoi, qui a envie de manger du bison, on n’est pas des sauvages hein !). Non on tue ces bêtes uniquement pour prendre leurs peaux et les vendre. What else ? Ah oui, et aussi pour se mesurer à la nature, défier la mort, se sentir super fort et super viril, avoir l’impression de grandir ou que sais-je encore, vous voyez le topo.
Finalement, Miller (le chasseur) s’enfonce inexorablement dans sa folie entraînant les autres à sa suite et l’expédition tourne au cauchemar (ah bon, parce que ça n’en n’était pas déjà un ?) et là, je ne peux pas m’empêcher de me dire en ricanant “et toc, bien fait pour eux !”. Parce qu’au fond, c’est ce qui m’a gêné dans ce livre : les personnages. Aucun n’a trouvé grâce à mes yeux, j’avais juste envie d’en prendre un pour taper sur l’autre (petit con vs gros salopard sanguinaire, vs grosse barrique flippée, vs gros porc lubrique… yeah ! appétissante la galerie n’est-ce pas ?).
oOoh vous savez quoi ? Plus j'écris sur ce livre, plus j’y pense, et plus je lui trouve quand même quelques qualités. C’est très bizarre mais ça m’est déjà arrivé : il y a certains livres qui sont mieux de loin, mieux après, faut digérer les boulettes et en garder la substantifique moëlle. Ouais parce que si je veux être honnête, je suis obligée de reconnaître que j’ai tendance à ne pas aimer ce qui me dérange, la chasse si on prend cet exemple, mais parfois avec du recul on peut aller au-delà du sujet et en saisir le message (enfin j’espère que c’est le message).
Alors du coup, je vais vous dire ce que j’ai aimé là dedans : c’est qu’il ne s’agit pas d’un énième western à la gloire de la conquête de l’ouest, pas d’un manifeste pour la vie sauvage non plus, ni d’un pamphlet contre la colonisation des états-unis, non, sans nous faire la morale l’auteur nous ouvre une fenêtre sur une petite histoire sordide, et à nous de se faire notre idée. Alors bon, ok, la p’tite histoire sordide c’est juste celle d’un double génocide, celui des bisons dans un premier temps, mais à travers lui celui du mode de vie des indiens (et par conséquent, celui des indiens eux-mêmes). Rien de moins, saleté de cowboys !
Donc voilà, ma p’tite idée à moi va se résumer à un slogan que je vous livre en guise de conclusion : La prairie aux bisons, les bisons aux indiens, chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. Voilà ça a le mérite d’être dit, malgré tout ce livre ne m’a pas transcendé…
Une p'tite phrase au hasard :
"Il eut l'impression vague de laisser quelque chose derrière lui, quelque chose qui aurait pu lui être précieux si seulement il avait su de quoi il s'agissait."
Quatrième de couverture : Dans les années 1870, persuadé que seul un rapprochement avec la nature peut donner un sens à sa vie, le jeune Will décide de quitter le confort d'Harvard pour tenter la grande aventure dans l'Ouest sauvage. Parvenu à Butcher’s Crossing, une bourgade du Kansas, il se lie d'amitié avec un chasseur qui lui confie son secret: il est le seul à savoir où se trouve un des derniers troupeaux de bisons, caché dans une vallée inexplorée des montagnes du Colorado. Will accepte de participer à l'expédition, convaincu de toucher au but de sa quête. Le lent voyage, semé d'embûches, est éprouvant et périlleux mais la vallée ressemble effectivement à un paradis plein de promesses.
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