Un dieu un animal, Jérôme Ferrari

Un dieu un animal, Jérôme Ferrari

Est-ce que j'ai aimé ce livre ? Oui mais non. Il est minuscule, c'est presque une nouvelle, et pourtant l'auteur a réussi à en faire un pavé. Un vrai pavé, un de ceux qu'on lance pendant les révolutions, ou qu'on entasse pour faire des barricades….

Par quel miracle me direz-vous ? Je vous explique. Le truc, c'est qu'on dirait que Jérôme Ferrari ne connaît pas les chapitres, ni même les sauts de pages, ou les sauts de ligne tout simplement.
Résultat, ce roman est tout bonnement irrespirable.  On est en apnée de la première ligne jusqu'à la dernière. Alors c'est vrai, il n'y a que 110 pages, mais en ce qui me concerne je n'ai pas l'entraînement pour le Grand Bleu et ça fait déjà une sacrée profondeur pour retenir sa respiration.

Pourtant, à part ça, j'aime beaucoup le style, j'aime beaucoup le thème (le sens de la vie, la quête de soi, la brutalité du monde et la rédemption, ouais rien que ça, très digeste n’est-ce pas ?), mais honnêtement ça m'a fatigué. Peut-être suis-je une grosse feignasse ? Oh, c'est tout à fait possible ne nous racontons pas d’histoire…
Par contre, est-ce une raison suffisante pour jeter le bébé avec l’eau du bain ? Bah non justement et plus j’y pense plus je me dis que ça fait du bien parfois de fournir un petit effort. Parce que c’est comme ça la vie, compliqué. Difficile. Pas gagné (ceci étant la version optimiste de "perdu d'avance")...

Donc voilà, ce n’est pas que je change d’avis comme de chaussettes, non ce qui se passe c'est que ce livre possède en réalité les qualités de ses défauts. Je veux dire par là que Jérôme Ferrari ne pouvait pas faire autrement ni surtout faire mieux que de l'écrire comme il l’a fait. Ce texte, par son côté monobloc acquiert une force monstrueuse, quasi divine pour faire un clin d'œil au titre, et il nous scotche sur place dans l’attente de la fin avec une espèce d’urgence qui va nous laisser un goût amer, c’est couru d’avance. 
En effet il n’y aura pas d'échappatoire, on le sait depuis… euh je sais pas moi, depuis le titre peut-être ? 
Un dieu un animal, c’est sûr que ça interroge, chaque homme est un peu des deux à mon avis. Mais on se fiche bien de mon avis, nous sommes ici au royaume des vies brisées et au pays des questions sans réponse, il va bien falloir l’accepter.

Bon mais alors, finalement, est-ce que j'ai aimé ce livre ? Oui mais oui. Et en plus, j'ai vachement progressé en apnée ! 

Pour la petite histoire, c'est un livre que j'ai pris dans la boîte à livre du parc de l'Orangerie à Strasbourg et sincèrement, je ne l'aurai sans doute pas lu si l'occasion n'avait pas fait le larron. C'est vraiment une bonne chose ces livres en liberté et cette liberté dans les livres, il faudrait davantage d'initiatives de ce type... je vais voter pour ça tiens, c'est de saison après tout ;)


Une p'tite phrase au hasard : 

" Chaque homme est un abîme et gît tout au fond de lui-même, là où ses rêves de cohérence et d'unité ont été engloutis avec lui. "

Quatrième de couverture : Un jeune homme a pris la décision de quitter son village natal pour aller, revêtu du treillis des mercenaires, à la rencontre du désert qu’investirent tant d’armées, sous des uniformes divers, après le 11 septembre 2001. De retour du checkpoint où la mort n’a pas voulu de lui, ce survivant dévasté est condamné à affronter parmi les siens une nouvelle forme d’exil. Il se met alors en demeure de retrouver la jeune fille de ses rêves d’adolescent, mais cette dernière semble avoir disparu sous les traits d’une jeune femme désormais vouée corps et âme à son entreprise… 

Requiem pour une civilisation contemporaine médusée par les sombres mirages de la guerre comme par la violence inouïe de l’horreur économique, cérémonie cruelle et profane qu’illumine l’ardente invocation d’un improbable salut, Un dieu un animal retentit des échos du chant bouleversant que fait entendre une humanité crucifiée sur l’autel de la dépossession. 

Commentaires

  1. On fait de belle découverte, dans ces boîtes à livre! Malgré tes bémols, tu le vends bien. Je suis assez intriguée. À voir si je le trouve à petit prix...

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    1. Je peux te l'envoyer si tu veux, on m'a parlé dernièrement d'un tarif postal spécial "livres et brochures" tout à fait intéressant. Je vais vérifier et je te dis. Tu sais bien que je ne suis "dématérialiste" donc ça ne me gêne pas de donner les livres lus, au contraire, j'aime savoir qu'ils vivent leur vie.

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    2. Je suis tentée... Surtout si tu as un tarif postal spécial. Ici, ça coûte la peau des fesses envoyer en France. Sinon, je ferais des concours tous les mois!!!
      Te sépares-tu aussi de tes coups de coeur?

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    3. Je peux me séparer de presque tout, sans problème. Et puis je ne dirai pas que ce livre est un coup de cœur, plutôt une bonne surprise ;) (tu peux m'envoyer ton adresse en privé)

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    4. un tarif postal spécial "livres et brochures" ?... ça m'intéresserait de le connaitre... surtout si ça marche pour l'étranger...

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    5. Oui ça marche pour l'étranger, tellement bien que c'est parfois moins cher qu'une lettre normale en France, hallucinant ! C'est mon oncle grand adepte du Bookcrossing qui m'a donné le tuyau, La Poste se garde bien de communiquer là dessus. Regarde par ici : https://www.laposte.fr/entreprise/produits-et-services/livres-et-brochures

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    6. Waouh ! Carrément intéressant moi qui en avait pour plus de 15 € pour envoyer des bouquins au Canada, je vois que je peux m'en sortir avec 2€20... Je vais étudier de ce pas toutes les conditions d'envoi !

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    7. Oui, c'est carrément intéressant. Le livre pour Marie-Claude est parti si loin pour ... 1€50. J'avais laissé l'enveloppe ouverte pour bien montrer qu'il s'agissait d'un livre, le type a affranchi et ensuite j'ai tout refermé et envoyé...

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    8. Sur le site de la poste tu trouves tout un bla-bla sur les conditions, j'avais même imprimé un formulaire pour la douane, mais comme j'ai montré que c'était un livre je n'ai besoin de rien d'autre.

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  2. Je suis peu attachée aux biens matériels, mais mes livres (seulement mes coups de coeur, ceux que je veux éventuellement relire ou prêter), c'est sacré! Je te file mon adresse ma fb privé! Quel est ton pseudo sur fb?

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  3. Je reconnais moi aussi, malgré la qualité d'écriture d'un auteur, que j'aime quand le texte est aéré. Mais du coup, est-ce qu'il faut en vouloir à l'auteur ou à l'éditeur ?

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    1. A personne, il faut le prendre comme ça pour le coup !

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  4. Petit livre arrivé à bon port. C'était archi rapide, dis donc!
    Un immense merci, Rebecca. J'attends de mettre la main sur LE livre québécois qui te fera chavirer. Ce sera ma petite surprise pour toi!

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    1. Waouh !!! Jamais je n'aurai pensé que ça puisse arriver aussi vite ! Merveilleux ! Si tu veux d'autres livres n'hésite pas ;)

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