La vengeance des mères, Jim Fergus
Incommensurable. C’est vendu comme ça en quatrième de couverture. Si grand qu’on ne peut le mesurer nous dit notre ami Larousse. Un mot un peu fort tout de même, à mon avis. Ok Jim Fergus nous offre une fois de plus une lecture agréable, mais un plaisir incommensurable, non, faut pas exagérer. M’est avis que certains rédacteurs abusent parfois des calumets de la paix et flottent ensuite dans un monde merveilleux peuplé d’indiens qui s’ébattent joyeusement dans la prairie avec des petits poneys multicolores.
Moi aussi j’aime bien ça mais je sais garder une certaine mesure (... si, si, je vous assure, hips !)
Disons que pour moi, lire Mille femmes blanches et La vengeance des mères, c’est un peu comme regarder un film d’Indiana Jones. On passe un bon moment, y’a de l’aventure, du dépaysement, et y’a pas à chercher midi à quatorze heure. Et puis c’est tout, et ça suffit, c’est même très bien comme ça, ne croyez pas que je dénigre ! Parfois c’est juste ce dont on a besoin : de l’entertainment (dans ce monde de brute). Voilà, excusez-moi, c'était la minute de réajustement terminologique.
Cette mise au point faite, je vais vous dire ce qui me dérange dans ce roman, ce qui m’avait gêné déjà dans Mille femmes blanches (sauf que c’est pire cette fois je trouve), c’est le côté très caricatural des personnages. Bonjour les archétypes ! Donc en rayon aujourd’hui nous avons Astrid Nostergard, la Norvégienne super balèze à la pêche (ben tiens !), Lulu Larue, la française délurée reine du French Cancan (fastoche), Lady Hall l’aristo anglaise adepte de Sappho so british en toutes circonstances comme il se doit (what else ?), Euphemia l’esclave-princesse africaine qui chasse comme une panthère (oui bon), les sœurs Kelly à la rousse chevelure, des irlandaises rebelles au langage fleuri (sláinte !)… Et ainsi de suite.
Bref, vous voyez le topo. Si l’auteur voulait mettre en avant une sorte de girl power c’est raté, les suffragettes seraient d’accord avec moi. Par contre, oui, nous sommes face à un girls band des âges farouches, c’est les Spice Girls avant l’heure. Carrément ! Et ça c’est vraiment fun, il faut simplement le prendre au bon degré. Dans les Spice Girls aussi on avait des archétypes, souvenez-vous : la lolita, la sportive, la BCBG, la sexy et la méchante. Allez, on se fait plaisir, tous en cœur :
♫ Yo, I'll tell you what I want, what I really, really want,
So tell me what you want, what you really really want … ♬♫
Blague à part, s’il s’agit ici d’un épisode fictif de la conquête de l’Ouest, l’histoire des Etats-Unis est truffée d’épisodes similaires et malheureusement bien réels. L’homme blanc est une calamité qui s’est répandue sur les terres des Amérindiens dans le grand élan de sa “destinée manifeste”, une saleté de bondieuserie qui lui permet de faire croire que c’est en vertu d’une mission divine qu’il se doit de répandre la démocratie et la civilisation vers l’Ouest. A d’autres hein ! (Y’a qu’à voir ce que c’est devenu et qui dirige ce pays aujourd’hui, no comment).
Jim Fergus prend clairement le parti des Indiens (le lecteur aussi bien sûr) et il faut reconnaître qu’on voit qu’il sait de quoi il parle. Sa connaissance des peuples amérindiens est réelle et du coup, avec cette indéniable maîtrise du romanesque, on se prend au jeu et on avale les pages jusqu’à la fin (Ah zut, j’ai dit “la fin”, je ne voulais pas en parler mais maintenant que c’est fait, je vais dire mon avis : la fin est vraiment ridicule, au secours !).
Pour finir et pour évoquer le titre du roman, on dit que la vengeance est un plat qui se mange froid, eh bien en réalité il faudrait dire plutôt que la vengeance est un plat qui ne se mange pas. Parce que personne n’est vengé dans cette histoire, ni les mères, ni les pères, ni les fils, ni les filles, personne. La vengeance n’existe pas, c’est ce qu’on doit comprendre parce que ce qui est fait est fait et ne peut pas être défait par une autre action. Point barre.
Une p'tite phrase au hasard :
" Ce sont les mères et non les guerriers qui créent un peuple et forgent sa destinée."Luther Standing Bear, chef Oglala Lakota
Jolie la bouteille de vin ! J'adore !!
RépondreSupprimerEn l'occurrence, le vin était meilleur que le livre ;)
SupprimerEn l’occurrence, j'avais bien aimé Mille femmes blanches. Et je m'étais dit que je me verrai bien lire cette "suite". Même si je ne suis pas pressé parce que ce n'est pas le seul avis mitigé que j'ai lu sur ce roman de Jim Fergus...
RépondreSupprimerSi tu as aimé Mille femmes blanches tu peux y aller, tu passeras un bon moment. Moi j'avais les mêmes réserves avec le premier, mais ça se laisse lire tout de même, Jim Ferguson sait raconter des histoires...
SupprimerJe suis tellement contente d'avoir découvert ton blogue. Tes billets sont jouissifs à lire! Pour moi, "Mille femmes blanches" surpasse sa suite. Ok, rien de transcendants, sinon un sacré bon divertissement et il en faut parfois, quoiqu'à petites doses dans mon cas. Mais cette "Vengeance des mères" a trop étiré la sauce, au point qu'elle a tourné. Il m'est tombé des mains. Au point que je ne lirai pas le troisième tome (qui arrivera sans doute un jour).
RépondreSupprimerMerci Marie-Claude, ça fait plaisir ! Moi non plus je ne lirai pas la suite, j'en ai fini avec les 1000 femmes blanches ...
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