La maison au bord de la nuit, Catherine Banner
Le café au bord de la nuit, un bien joli nom n'est-ce pas ? Ça donne envie de s'installer en terrasse sous les bougainvilliers ou pourquoi pas à l'intérieur pour regarder les vieux joueurs de scopa... Allez, on se commande un limoncello et quelques arancini et on laisse le temps glisser gentiment sans trop penser à rien… voilà comme ça. Il fait chaud, la mer brille comme un saphir, le soleil cogne et même les cigales se taisent, c'est bientôt l'heure de la sieste. On n'est pas bien là ? Paisible ? À la fraîche ? Décontracté du gland ? Meeeuh si !
C'est tellement typique, on a l'impression d'être dans une carte postale non ? Eh bien en disant ça je mets le doigt directement sur le principal défaut de ce livre : il est bourré de clichés et je trouve qu'il sonne plutôt faux. C'est gentillet mais hélas pas à la hauteur de ses ambitions. À mon avis of course. L'auteure est anglaise et ça se voit, non que j'ai quelque chose contre les grands bretons, au contraire, mais par contre situer son histoire sur cette petite île sicilienne n'était peut-être pas le plus heureux des choix. Entre insulaires on se comprend, ok peut-être, mais pour le coup ça sent l'application, la volonté de “faire italien”, vas-y que je te sors mon Lonely Planet et que je place ici et là des italiennetés. Avec abus de caractères en italique pour souligner la chose des fois qu'on aurait pas repéré le truc. Et hop des amaretti ! et voici des melanzane ! hop un petit coup d’arancello pour faire passer tout ça et hop ! zou un tour de l'île sur le vieil Ape de l'épicier, hop, quelques vieux sur un banc, quelques vieilles en noir à la sortie de l'église, hop hop hop un aristocrate décrépit fasciste sur les bords, signore il conte, qui se prend pour Peppone dans Don Camillo (sauf qu'il n'est pas communiste évidemment). Bref, un festival d'images d’Epinal version sicilian vintage. Mouais… je ne suis pas convaincue, loin s'en faut.
Du coup, l'île qui avait pour vocation de devenir un personnage à part entière est reléguée à mes yeux au rang de simple décor. Dommage. Et dans ce décor prend place une histoire d'amour plutôt chabada bada ainsi qu'une saga familiale. Sauf qu’on est bien loin de la plume frétillante d’Elena Ferrante, référence incontournable en matière de saga à l'italienne, pas d'amie prodigieuse ici, pas de véritable âme non plus. Je suis restée à distance de ces personnages, pas moyen d'établir le contact, il m'a manqué quelque chose, un souffle de vie et un soupçon d'authenticité sans doute.
Dommage encore une fois. Catherine Banner nous livre un roman léger, à la lecture facile, mais quant à moi, je préfère les spaghetti al’dente.
Avant de prendre le ferry du retour, je remercie Babelio et les Presses de la cité pour ce livre qui m'est arrivé dans le cadre d'une opération Masse critique.
Une p'tite phrase au hasard :
"Il lui semblait enfin avoir commencé à accrocher la vie, à l'habiter pour de vrai."
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