Montana 1948, Larry Watson

Montana 1948, Larry Watson

Y’en a  - paraît-il - qui multiplient les pains, pour ma part j’aurai aimé que Larry Watson multiplie les pages. En effet, j’ai vraiment apprécié cette lecture à ce petit bémol près : il manquait environ 250 pages, au bas mot. Du coup, mon impression première est un peu celle d’être restée sur ma faim. Mais attention, cela n’entache en rien la qualité de ce roman où chaque chose est à sa place, chaque phrase est bien tournée, c’est simple mais juste et efficace, il n’y a pas de fioriture et on se concentre sur l’essentiel. Donc non seulement c’est court, mais c’est tellement fluide qu’on tourne la dernière page avant même d’avoir le temps d’y penser.

Comme l’indique le titre, l’histoire se déroule dans le Montana, en 1948, mais au final ce n’est pas très important et on pourrait tout aussi bien dire Alabama 1930, ou encore Oklahoma 2016 et tant d’autres hélas. Alabama années 30, c’est une référence au roman de Harper Lee, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, je dis ça parce que j’ai trouvé quelques similitudes entre les deux ouvrages. Oklahoma 2016, c’est une référence aux nombreuses bavures policières et autres crimes racistes qui se produisent bien trop souvent aujourd’hui encore in the United States of America…“United” huUumm ouais si on veut, ça marche pour les états peut-être mais pas vraiment pour les populations qui les occupent. 
Alabama 1930, il ne faisait pas bon être noir souvenez-vous, eh bien Montana 1948, voici un temps et un lieu où il ne fait pas bon être indien. Et encore moins indienne en l'occurrence. Le livre est un peu construit comme un roman policier mais on devine dès le début le fin mot de l’histoire. Par contre, ce n’est absolument pas grave car justement il ne s’agit pas d’un roman policier. Larry Wilson nous parle plutôt des préjugés raciaux solidement ancrés dans les mentalités, de la justice à deux vitesses, et surtout, il nous parle de la perte de l'innocence. David, le narrateur, voit s’effondrer ses illusions sur le monde des adultes l’année de ses douze ans, l’année où une noirceur familiale qui jusque là était restée bien cachée remonte à la surface et s’expose au grand jour, l’année où son shérif de père doit enquêter sur son frère aux mains baladeuses, l’oncle de David. Son enfance prend fin cet été là en quelque sorte, la cellule familiale des Hayden explose, plus rien ne pourra jamais plus être comment avant, cette fois il ne sera plus possible de faire comme si de rien n’était et cette histoire poursuivra chaque membre de cette famille jusqu’à la fin de ses jours.

Pour conclure, je vais dire que j’ai trouvé là un bon roman noir, vraiment trop court mais intense, pas inoubliable mais agréable à lire. Et puis c'est encore un livre qui nous montre que rien ne change et ça, il faut continuer à le dire….

Quatrième de couverture : “De l'été de mes douze ans, je garde les images les plus saisissantes et les plus tenaces de toute mon enfance, que le temps passant n'a pu chasser ni même estomper.” Ainsi s'ouvre le récit du jeune David Hayden. Cet été 1948, une jeune femme sioux porte de lourdes accusations à l'encontre de l'oncle du garçon, charismatique héros de guerre et médecin respecté. Le père de David, shérif d'une petite ville du Montana, doit alors affronter son frère aîné. Impuissant, David assistera au déchirement des deux frères et découvrira la difficulté d'avoir à choisir entre la loyauté à sa famille et la justice.

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