Bénis soient les enfants et les bêtes, Glendon Swarthout

Bénis soient les enfants et les bêtes, Glendon Swarthout

“Envoyez-nous un garçon, nous vous renverrons un cow-boy !”, tel était le slogan du camp. Eh oui, les américains sont merveilleux, ils ont une solution pour tout. Vous avez un enfant que vous trouvez trop gros ? froussard ? paresseux ? timide ? ou juste pas assez viril à votre goût, alors n’hésitez pas et inscrivez-le pour un été au Box Canyon Boys Camp en Arizona, vous verrez c’est magique, vous ne le reconnaîtrez plus à son retour. Ben oui c’est vrai quoi, pourquoi s’emm***** à l’envoyer chez un psy quand on peut tout simplement l'asseoir sur un cheval ? Pourquoi perdre son temps à essayer de le comprendre ou de l’aimer quand on peut tout simplement lui donner un chapeau et une carabine ? C’est tellement plus simple comme ça, et puis il faut savoir ce qu’on veut en faire à la fin : un homme, un vrai, ou un chouineur ? Donc voilà, le choix est vite fait et la messe est dite : être John Wayne sinon rien !

J’ai été fascinée de découvrir l’organisation de ce camp, vraiment, tout est basé sur l’esprit de compétition et la ségrégation : on met les forts avec les forts et les nuls restent entre eux. Les garçons sont regroupés par six et chaque groupe est encadré par un moniteur. Les groupes sont classés du plus fort au moins fort et les titres sont remis en jeu chaque jour. Il y a des épreuves et le classement est actualisé à chaque fois, les positions dans la hiérarchie étant symbolisées par la remise de trophés et l’attribution d’un nom “de guerre” aux groupes. D’ailleurs à ce propos on retrouve par ce biais de manière détournée le problème qu’ont les américains avec les indiens, ce complexe d’on ne sait pas quoi, supériorité ? infériorité ? on est en droit de se poser la question. Les plus forts portent des noms d’indiens, Apaches, Cheyennes, Sioux, Comanches ou Navajo, quant aux derniers ils sont affublés du joli nom de “pisseux”. Voilà qui est motivant n’est-ce pas ? Gratifiant et épanouissant. De bonnes vacances en perspective pour ceux qui sont condamnés à rester en bas du classement… mais attention, tout ça c’était sans compter sur l’imprévisibilité adolescente ! En effet, à force d’humiliation, on peut être amené à faire des choses totalement inattendues, folles, dangereuses ou héroïques, surprenantes en tout cas, dans le bon ou le mauvais sens d’ailleurs. Je ne me prononcerai pas là-dessus, si vous êtes curieux de savoir comment vont réagir Cotton et ses amis, lisez le livre.

Bref, Glendon Swarthout nous propose une édifiante plongée au cœur du processus de fabrication des nombreux paumés et psychopathes en tout genre qui hantent les terres d’Amérique, ça commence par un camp scout version commando pour finir en fureur de vivre et c’est une vrai réussite. Je ne finirai pas sans remercier Babelio et les éditions Gallmeister pour cette découverte.


Une p'tite phrase au hasard : 

"Nous naissons les mains souillées du sang des bisons. Dans notre préhistoire à tous apparaît la présence atavique de la bête. Elle broute les plaines de notre inconscient, elle piétine notre repos, et dans nos rêves nous crions notre damnation. Nous savons ce que nous avons fait, nous qui sommes un peuple violent."


Quatrième de couverture : Ils sont six adolescents à s’être rencontrés dans ce camp de vacances en plein cœur de l’Arizona. Leurs riches parents ne savaient pas quoi faire d’eux cet été-là, et ils ont décidé d’endurcir leurs rejetons en les envoyant au grand air pour qu’ils deviennent de “vrais cow-boys”. Au sein du camp, ces enfants se sont trouvés, unis par le fait que personne ne voulait rien avoir à faire avec eux. Cette nuit-là, alors que tout le monde est endormi, ils ont une mission à accomplir, un acte de bravoure qui prouvera au monde entier qu’ils valent quelque chose. Et ils iront jusqu’au bout de leur projet, quel que soit le prix à payer.

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