La succession, Jean-Paul Dubois

La succession, Jean-Paul Dubois


Hérédité, succession. Rien que de les lire, voici des mots qui pèsent sur les épaules, qui plombent l'ambiance direct, même l'air devient matière et se bloque quelque part au niveau de la gorge. Vous voyez ce que je veux dire ? Moi je vois très bien. 
Bon après c'est sûr, ça dépend dans quels chaussons il va falloir rentrer, y’en a pour qui c'est nettement plus facile…
Pour les autres… ben pour les autres… Une question : pourquoi on ne peut pas tout simplement naître les mains dans les poches, voyager à vide et s'envoler léger, pareil, les mains dans les poches et fingers in the nose ? 
Ben parce que. Voilà, désolée, je n'ai pas de meilleure réponse en rayon, va falloir faire avec.
S'envoler d'ailleurs c'est de circonstance à propos de ce livre dans lequel nous assistons - impuissants - à plusieurs décollages, avec ou sans scotch. Ce mot pouvant être compris de différentes manières je vais laisser chacun choisir son camp entre la boisson ambrée ou le ruban adhésif (moi j'ai choisi, de toutes manières je préfère la patafix, si possible dans sa version blanche, ça laisse les murs propres).

Paul Katrakilis (le type dans le livre) est super bien servi niveau hérédité, au poker il pourrait tenter le carré d'as voire la quinte royale - et sans bluffer en plus. Comme quoi, même avec de supers cartes en main on n'a pas l'assurance de gagner. Ou alors ça laisse songeur en ce qui concerne le lot. N'importe comment Paul ne joue pas au poker mais à la cesta punta. Ouais c'est bon, baissez-moi ces sourcils interrogateurs, moi non plus je n'avais jamais entendu ce nom avant (ô inculte que je suis). Ça a à voir avec la pelote basque (et tout le monde sait que les basques parlent bizarrement hein ^^). Mais pas de panique, même si on n'est pas spécialiste, on arrive à suivre, c'est technique juste ce qu'il faut pour donner envie de s'intéresser au sujet. D'ailleurs un jour j'irai au Pays Basque - plusieurs jours même j'espère - et j'irai voir de quoi il retourne. Bref on s'en fiche, ce n'est pas le sujet.

Ce Paul donc, au lieu de jouer au poker où il aurait pu gagner (ou pas, en même temps life is a bitch ne l'oublions pas) essaye de rompre avec l'hérédité en se défonçant avec un gant en osier dans un jaï-alaï (allez jeter un œil sur wiki pour visualiser le truc, ça aide). Et pendant un moment, ça marche. Pendant quatre ans il parvient à tromper l'ennemi et à vivre une vie de son choix. Pas forcément de rêve, mais de son choix, ce qui est le plus important au final. Quatre ans. Eh oui, c'est court (mais en même temps c'est mieux que rien non, j'ai envie de dire avec cet indécrottable optimisme qui me caractérise). 
Et après ? Ben après il est rattrapé par la patrouille… Vous vous imaginiez quoi ? Hérédité et succession, on y revient toujours. 

Donc voilà, la succession, c'est du lourd. Mais on était prévenu, il suffisait de lire le titre. Ce n'est pas une raison cependant pour s'arrêter au titre, vous pouvez lire le livre quand même, car Jean-Paul Dubois a beaucoup d'élégance dans son spleen et un cynisme à la hauteur de l'existentielle question de la vie. Belle construction dans la déconstruction en plus, force est de le reconnaître, j'ai bien fait de miser et maintenant je vous laisse, les jeux sont faits... (promis la prochaine fois j'utilise des termes de pelote basque mais faut d'abord que j'aille y faire un tour).



C'est lui qui le dit

" J'avais 44 ans, la vie sociale d'un guéridon, une vie amoureuse frappée du syndrome de Guillain-Barré et je pratiquais avec application et rigueur un métier estimable mais pour lequel je n'étais pas fait." 


Quatrième de couverture : Paul Katrakilis vit à Miami depuis quelques années. Jamais il n’a connu un tel bonheur. Pourtant, il se sent toujours inadapté au monde. Même la cesta punta, ce sport dont la beauté le transporte et qu’il pratique en professionnel, ne parvient plus à chasser le poids qui pèse sur ses épaules. Quand le consulat de France l’appelle pour lui annoncer la mort de son père, il se décide enfin à affronter le souvenir d’une famille qu’il a tenté en vain de laisser derrière lui.

Car les Katrakilis n’ont rien de banal: le grand-père, Spyridon, médecin de Staline, a fui autrefois l’URSS avec dans ses bagages une lamelle du cerveau du dictateur; le père, Adrian, médecin lui aussi, est un homme étrange, apparemment insensible; la mère, Anna, et son propre frère ont vécu comme mari et femme dans la grande maison commune. C’est toute une dynastie qui semble, d’une manière ou d’une autre, vouée passionnément à sa propre extinction. Paul doit maintenant rentrer en France pour vider la demeure. Lorsqu’il tombe sur deux carnets noirs tenus secrètement par son père, il comprend enfin quel sens donner à son héritage.

Avec La Succession, Jean-Paul Dubois nous livre une histoire déchirante où l’évocation nostalgique du bonheur se mêle à la tristesse de la perte. On y retrouve intacts son élégance, son goût pour l’absurde et quelques-unes de ses obsessions.

cesta punta

Commentaires

  1. Waouh... Magnifique critique qui donne tant envie. Bon faut dire que je savais ce qu'était la cesta punta (oui j'me la ramène, mais mes enfants ont un peu de sang basque, pas moi, mais ça on ça fout, tout le monde s'en fout, life is...). Bref, je m'égare, pourtant, pas encore scotché à mon scotch (rouleau ou verre, à voir). Alors je dirais que j'ai découvert Jean-Paul Dubois avec ce livre. Et j'ai pris une claque, énorme, genre qui fait mal, genre quand tu reçois une balle de pelote basque en pleine gueule parce que tu as oublié la chistera sur ton bateau du coup tu peux pas la rattrapé alors elle s'écrase contre ta face. Et ça fait mal, ce roman fait mal. Du lourd, comme une succession lourde...

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    1. Euh... merci, que dire ?
      D'abord j'aime pas trop dire "critique" je n'oserais pas. Je donne juste mes impressions plus ou moins impressionnées, ça suffira. Après, concernant le scotch je te vois plutôt avec le verre (et c'est tant mieux au final quand on voit les dangers du rouleau, en plus c'est même pas écrit dessus comme sur les clopes, ni mention à consommer avec modération, non non, rien, très vicieux le rouleau). Ensuite si j'ai bien lu ton billet tu as des Fisherman's Friend pour le mal de mer donc tu peux te lâcher et essayer d'éviter la balle en prenant le large. La succession c'est toujours lourd, on devrait dire suck cession mais c'est pas français.
      Et pour finir, euh... on dit "la rattrapER" 😝😝😝 (ok je me planque pour éviter le retour de balle).

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    2. Moi non plus, je ne parle pas de critique... Un mot trop "professionnel" dont je me refuse de faire... Mais bon, comme tout le monde semble mettre des critiques, j'ai utilisé le mot. Moi, je parle plus volontiers de chroniques, parce que ce n'est qu'une vision subjectif de ma personne sur un roman, la lecture d'un bison qui certes n'a jamais essayé de rattrappeR une pelote dans une chistera sur un jaï-alaï.

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    3. Moi je dis billet truc machin blabla ou ce qu'on veut mais surtout ce que je dis quand je me prends pour maître Yoda c'est : subjectiVE est ma vision, te concentrer tu dois jeune Padawan 🙈... Désolée j'adore te corriger je sais pas pourquoi !

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  2. PS : tu pourras penser à laver les vitres avant de prendre une photo... on ne voit même plus la couleur du ciel bleu...

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    1. Je te donne un secret de famille : ma grand mère me disait toujours que pour laver les vitres, le mieux c'est de prendre de la vodka ou du schnaps et de frotter avec du papier journal... Je n'ai pas encore essayé, affaire à suivre ^^

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    2. Étonnant mais à chaque fois que je veux laver les vitres, je me rend compte que ma bouteille de vodka est vide... Alors, je ne fais jamais les vitres... au moins il me reste de la vodka...

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    3. Je ne relèverai pas l'incohérence du prétexte (tu vas finir par croire que pour une obscure raison je cherche tous les moyens pour t'enquiquiner) d'ailleurs je te comprends, moi même je ne suis pas fanatique du lavage de vitre.

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  3. Dans ce genre de joyeusetés il y a " le jour où j'ai vidé la maison de mes parents". Qu'est ce qu'on se marre :-) mais il y a pire...

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    1. Oui les divertissements ne manquent pas heureusement 😝.
      Ceci dit, je ne connais pas le livre dont tu parles (mais par contre je me souviens très bien du jour où...). Je vais essayer de voir de quoi il retourne.

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