Article 353 du code pénal, Tanguy Viel

Article 353 du code pénal, Tanguy Viel

Je n’ai pas lu les 352 premiers articles du code pénal mais s’ils sont tous dans ce goût là, je vais peut être songer à m’y mettre. Parce qu’en fait c’est plutôt sympa et j’avoue que je ne voyais pas ça comme ça, le blabla juridique n’étant habituellement pas ma tasse de thé. Comme quoi, même des études de droit auraient pu m'intéresser, on en apprend tous les jours (et ça c’est vraiment une bonne chose d’ailleurs).
Donc, j’ai été plutôt agréablement surprise par ce petit livre au sujet duquel j’ai vu défiler pas mal de commentaires élogieux par ci par là (sans trop m’y attarder car j’ai pour politique d’essayer d’aborder au maximum les livres comme des territoires vierges - genre Dora l’exploratrice vous voyez - j’attends de les avoir lu avant de lire dessus).

Je ne vais pas vous raconter l’histoire, il y a des kilomètres de lignes sur le sujet, disons simplement que ça parle d’une grande escroquerie, d’une arnaque de première catégorie comme seules la finance et la politique réunies peuvent en produire. Et c’est valable partout dans le monde, évidemment. Par contre ici ça se passe en France (dans ma Bretagne préférée) et ça se voit au premier coup d’œil, je veux dire dès la quatrième de couverture. A ce propos, je dois tout de même dire que si j’avais dû me baser uniquement sur ces quelques lignes au dos du livre, jamais ô grand jamais je n’aurai envisagé de le lire. Nan mais franchement, c’était jour de grève aux Editions de Minuit ou quoi ? Bref, en tout cas ça sonne bien comme le synopsis d’un film français du genre que je déteste, le truc un peu social avec indemnités de licenciement et tout le tintouin, le truc un peu glauque sur les bords et intello au milieu, le truc qui va forcément mal finir et pour tout dire, me concernant, le truc qu’on a envie d’avoir fini avant même de le commencer.

Et c’est là que Tanguy Viel se la ramène, tranquille pépère, avec son p’tit bouquin, et me renvoie direct dans mes buts avec mes théories fumeuses et mes préjugés à la noix (bien fait pour moi tiens !). Parce que ce 353ème article, ce n’est pas du tout ça. Ce n’est pas un mauvais film français (et j’espère que ça ne le deviendra jamais, ne parlons pas de malheur). 
Oui, ce fut une vraie surprise, et si j’ai d’abord été un peu déstabilisée par la voix de Kermeur, ce vieil homme floué qui cherche ses mots et finalement les trouve on ne sait comment au plus profond de ses tripes sans jamais toutefois perdre cette espèce de candeur dont on se demande à chaque instant comment il a pu la conserver avec la chienne de vie qu’il a eu, j’ai rapidement été obligée de reconnaître que oui, punaise, oui, c’est un bon livre.

Mais je vais m’arrêter là car si je dévoile le truc le plus fou du bouquin, à savoir la fin, vous seriez en droit de me faire un procès et comme je ne suis pas encore sûre que l’ensemble du code pénal ressemble à cette fable, je ne vais pas tenter le diable. 
En guise de final, un petit soupir : Ah mais si seulement ce genre de choses pouvaient arriver dans la vraie vie ! Malheureusement je n’y crois pas des masses, il vaut mieux ramasser son pavé et continuer la lutte...


Une p'tite phrase au hasard : 

" Dans la vie si on regarde bien, tout converge en quelques points et puis le reste du temps, rien, ou plutôt si, le reste du temps, on paye les pots cassés." 

Quatrième de couverture : Pour avoir jeté à la mer le promoteur immobilier Antoine Lazenec, Martial Kermeur vient d'être arrêté par la police. Au juge devant lequel il a été déféré, il retrace le cours des événements qui l'ont mené là : son divorce, la garde de son fils Erwan, son licenciement et puis surtout, les miroitants projets de Lazenec.Il faut dire que la tentation est grande d'investir toute sa prime de licenciement dans un bel appartement avec vue sur la mer. Encore faut-il qu'il soit construit.

Commentaires

  1. J'ai beaucoup aimé ce roman, que j'ai trouvé plein d'humanité bien qu'il parle paradoxalement d'un criminel. L'écriture sous forme de quasi-monologue est originale et la fin superbe.

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    1. je dirais plutôt que le livre parle de deux criminels, ah non en fait d'un seul criminel, et d'un pauvre homme poussé à bout dont le crime n'est que justice au final... Comme quoi cette notion de justice est toute relative et le crime peut prendre plusieurs formes.
      Ce petit conte permet de croire un instant en une véritable justice, évidemment on est loin d'une histoire vraie en ce qui concerne la fin.

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