Mémé, Philippe Torreton

Mémé, Philippe Torreton


Allez, c’est parti, je vais faire un petit billet pour un petit livre, pour une petite mémé.
Parce que c’est vrai que les mémés sont toujours petites, vous ne trouvez pas ? En tout cas la mienne à force de rétrécir est devenue aussi petite que Yoda, si si, je vous jure. C’est le premier constat.

Second constat, la mémé est universelle.
Philippe Torreton a beau nous parler de sa mémé à lui, il évoque au final bien plus que ça, il nous sert du concentré, de l’essence de mémé 100% pur jus.
En effet, dans ce roman madeleine, la mémé de l’auteur vous rappelera forcément quelque chose de la votre. En tout cas pour moi ça se vérifie plutôt deux fois qu’une.

On a tous dans l’coeur une boîte de gâteaux mous que mémé nous sert à tout bout de champ (♫ un truc qui'm colle encore au coeur et au corps), parce que pour une mémé, aimer c’est avant tout remplir de nourriture. 
Comme celle de l’auteur, ma mémé avait aussi une maison rafistolée et encombrée, un poêle à fioul, un buffet d'avant guerre avec des monticules de biscuits (on ne sait jamais, il vaut mieux avoir des réserves), une machine à coudre Singer devant la fenêtre dans une pièce pleine comme un oeuf. Comme dans le livre, chez ma mémé on rallongeait la table du dimanche dans “la chambre” comme elle disait (nous on dit salon, ou séjour, ou pièce de vie - mais la pièce de vie chez une mémé c’est plutôt la cuisine - enfin pour la mienne) et on se serrait tous autour comme des sardines, enfants, petits-enfants, oncles, tantes, cousines (oui y’avait que des filles chez nous) pour manger la cuisine de mémé. A table, ma mémé aussi aimait ronger les os (elle m’a transmis ces gènes d’ailleurs), elle mangeait le gras du jambon, “c’est le meilleurs, vous n’y connaissez rien” et elle récupérait dans nos assiettes ce qu’on mettait de côté, “faut pas gâcher”. Des trucs de mémé quoi ;)

Bref, forcément c’est un livre qui parle à son lecteur, qui lui murmure des choses au creux de l’oreille, des choses douces et chaudes, des choses qui sentent l’eau de Cologne et le mitonné, des choses qu’il ne faut surtout pas oublier car c’est sur ce rocher que nous sommes construit. Alors oui, c’est bon de prendre le temps parfois d’écouter cette petite voix et de penser à sa mémé.

La mienne, elle s’appelait Bacia, à prononcer “Batcha” - en fait c’est Babka, mémé en Polonais - et elle me manque tous les jours...

PS : j’ai juste envie d’ajouter un truc pour ceux qui voudraient faire du rab sur le thème de la mémé, vous pouvez lire aussi Un été pour mémoire de Philippe Delerm (décidément, y’a pas à dire, les Philippe savent parler de leur mémé !)



Quatrième de couverture : "Mémé, c’est ma mémé, même si ça ne se dit plus. Mémé me manque. Ses silences, ses mots simples au Scrabble, sa maison enfouie sous les pommiers et son buffet d’avant-guerre. Ce texte est subjectif, partial, amoureux, ce n’est pas une enquête, ce n’est pas une biographie, c’est ce que j’ai vu, compris ou pas, ce que j’ai perdu et voulu retenir, une dernière fois. Mémé, c’est mon regard de gamin qui ne veut pas passer à autre chose."

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