Luz ou le temps sauvage, Elsa Osorio
Mouais… Pas vraiment convaincue par ce livre je suis (faites pas gaffe je parle comme Yoda parfois, ça m’échappe). Il traînait sur ma PAL depuis des lustres, il était arrivé chez moi je ne sais plus trop quand (2016 ? avant ?) par la poste dans un colis anonyme (si si je vous assure, c’est un peu flippant non ?). Bref, ça c’est pour la petite histoire. Il fallait bien que je le lise un jour et j’ai pensé que c’était le bon moment, ces petites vacances que je viens de passer dans le Gers, je me suis dit «tiens, tu vas avoir le temps de lire deux ou trois bouquins au moins » et j’ai chargé la valise… Tu parles Charles ! Je n’ai même pas réussi à finir celui-ci pendant le séjour.
Donc Luz… ou Lili si vous préférez, c’est le nom d’une jeune femme qui part à la recherche de ses origines et qui - en même temps - remue toute la merde des années de dictature en Argentine. Et la merde, c’est rien de le dire, y’en a un paquet sur cette période, ça dégouline de partout, ça suinte par les interstices et ça finit par tout recouvrir.
Ou presque.
Parce qu’heureusement il y a toujours des gens qui se battent, des gens qui résistent, des gens qui ont des idéaux et qui les défendent, des gens biens pour résumer et donc des gens qui, hélas en ces temps sauvages, sont condamnés à mourir ou à disparaître. Ce qui revient au même en l’occurrence puisque la plupart de ceux qu’on appelle « les disparus », les desaparecidos, sont en réalité des morts dont on n’a jamais retrouvé les corps. Et pour cause : il s’agit de personnes victimes de disparitions forcées, qui ont été secrètement arrêtées et tuées lors de la « guerre sale », entre 1976 et 1983 pendant la Dictature militaire de la Junte. Eh oui, ça pue je vous avais prévenu, ça s’appelle un crime contre l’humanité… (même si les généraux et autres salopards impliqués vous diront : sans corps - sans preuve donc - pas de crime ; c’est justement le cœur de leur tactique, ne tombez pas dans le panneau, on parle de plus de 30 000 personnes quand même…)
Aussi, à travers l’histoire de Luz, Elsa Osorio évoque ces heures sombres de l’Argentine, ces heures (jours, mois, années…) qu’on a cherché par ailleurs à effacer par le biais de lois d’impunité, comme la Loi de l’Obéissance due par exemple qui permet aux enfoirés de se cacher derrière le « je ne faisais qu’obéir aux ordres », yeah joyeuse amnistie tout le monde, et c’est pas une invention du roman, ça existe pour de vrai. La merde je vous dis ! Tout est vrai dans cette histoire, y compris ce qui en constitue la trame, l’affaire dite des enfants volés : lorsqu'une opposante était enceinte, l'accouchement avait lieu en prison, et le bébé était placé dans une famille de policiers ou de militaires. On compte plus de 500 enfants ainsi volés à leur famille. Souvent, la mère était jetée en pleine mer, nue, peu après l'accouchement (dans le livre on dit qu’elle est « transférée », pouah le langage militaire ça me fait tout simplement gerber …).
Pour conclure, si je n’ai pas été convaincue par le livre (pourtant bien construit mais je sais pas, il m’a manqué un truc), je suis par contre entièrement convaincue de la nécessité d’écrire des livres là-dessus et de lutter ainsi contre l’oubli. J’ai déjà lu jadis (deux fois même) un roman qui m’a beaucoup marqué sur le même sujet , le très noir Bastille Tango de Jean-François Vilar.
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