Les derniers hommes, Pierre Bordage

Les derniers hommes, Pierre Bordage

Alors au début ça fait aaah ouais ouais ouais, mais au bout d’un moment (pas un très long moment en plus), ça fait flop badaboum. Bref, vous l’aurez compris, ça commençait plutôt pas mal cette histoire entre moi et Les derniers hommes, je me suis dit chic on dirait bien que je me suis dégoté un bon roman post-catastrophe aux échos mad-maxiens pour me tenir compagnie en cette fin année. Mais hélas, mon enthousiasme s’est très vite émoussé et je me suis dépêchée de terminer. J’ai quand même terminé le livre, attention, je n’ai pas dit que c’était mauvais au point de tout abandonner, mais franchement le cœur n’y était plus.

Qu’est-ce qui n’allait pas ? Pour commencer, Bordage abuse clairement des archétypes du genre et ça ça m’agace rapidement, surtout qu’il en met plusieurs couches. D’abord il y a Solman, le gentil héros physiquement diminué mais mentalement supérieur car doté d’un don de clairvoyance qui est aussi sa malédiction puisqu’il le met à l’écart du reste de la population qui hésite et le prend soit pour un monstre soit pour un dieu. Ensuite, au même rayon, on va trouver Raïma la guérisseuse, affligée elle aussi d’un lourd handicap mais dotée également d’un esprit supérieur et débordant d’amour. Alors même si Bordage nuance un peu son manichéisme en dotant ces deux gentils de quelques défauts mineurs (jalousie, égoïsme adolescent, des choses dans ce goût là vous voyez), je trouve qu’il en profite pour nous servir une bonne vieille leçon de morale de derrière les fagots, du style “il ne faut pas s’arrêter aux apparences” ou encore “il ne faut pas avoir peur de la différence”. Et, craignant sans doute un défaut de compréhension de la part du lecteur, il déroule toute sa partition sur le même registre… tralala tsoin tsoin, ouh que je n’aime pas ça ! 

Après, il y a le contexte, ce futur proche post-apocalyptique, lui aussi prétexte à nous asséner une leçon de morale. Eh oui, Solman, le peuple aquariote et tous les autres peuples qui constituent les derniers hommes se démènent comme des diables pour survivre dans ce monde ravagé par la folie des hommes d’avant. La folie des hommes qui a conduit à la troisième guerre mondiale. La folie des hommes qui a conduit à l’empoisonnement de pratiquement toutes les réserves d’eau, à la mutation génétique des animaux, des insectes mais aussi des hommes. Évidemment je suis d’accord avec l’auteur, comment ne pas l’être, bien sûr que nous devons préserver la seule planète dont nous disposons à ce jour, mais pour le dire on peut aussi choisir d’être moins lourd, moins simpliste et de considérer ses lecteurs comme des adultes intelligents capables de comprendre à demi-mots. Voilà, j’dis ça, j’dis rien. Ajoutez à tout ça une bonne dose de mysticisme et une fin complètement parachutée et précipitée (alors que le reste tire parfois en longueur) et vous obtiendrez un roman assez moyen duquel on pourrait dire “dommage, il y avait du potentiel”.


Une p'tite phrase au hasard : 

"Les évidences sont comme les chiens sauvages. Elles sautent à la gorge des uns et épargnent les autres."

Quatrième de couverture : Le futur proche, après la troisième guerre mondiale. Dans une Europe dévastée par les pollutions chimiques, nucléaires et génétiques, les rares ressources intactes sont partagées par des tribus nomades qui ont pris chacune en charge l'exploitation d'une denrée spécifique. Solman le boiteux, du peuple aquariote - qui découvre et contrôle les sources d'eau -, possède le don de clairvoyance: infaillible juge des âmes, cet atout le confine aussi à l'écart de tous, qui se méfient de son talent. Seuls Raïma, la guérisseuse, puis la mystérieuse Kadija et un vieux scientifique de l'ancien monde vont l'accompagner dans sa quête pour échapper à l'apocalypse qui semble menacer les derniers hommes…

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