Landfall, Ellen Urbani

Landfall, Ellen Urbani

En mathématique, deux droites qui, même indéfiniment prolongées, ne se coupent pas, sont parallèles. Une petite définition en guise d'entrée en matière mais aussi pour rappeler que tout est affaire de point de vue. Prenons l'exemple d'une route : ses deux bords sont forcément parallèles et pourtant, lorsqu'on regarde au loin, on a bien l'impression que les deux lignes finissent par se rejoindre quelque part au bout du bout. Eh bien dans ce livre c'est exactement ce qui se passe. 

Nous avons là deux vies où le parallélisme saute aux yeux dès les premières pages. Déjà au niveau des prénoms, Rose et Rosy, ensuite au niveau des histoires, ces deux jeunes-filles ont le même âge et elles sont toutes les deux seules avec leur maman, aucune des deux n'a connu son père. Voici donc nos deux lignes bien parallèles, ce sera notre point de départ. Ajoutons alors un ouragan nommé Katrina, secouons un peu ça dans tous les sens histoire de mettre la perspective en place, et hop ! voilà t'y pas que nos deux parallèles se rentrent dedans quelque part au bout du bout. Se rentrent dedans au sens propre d'ailleurs, puisque la voiture dans laquelle se trouve Rose percute Rosy alors que celle-ci marche sur la route. Bing ! Je l'avais dis dans mon exemple du début pour ceux qui suivent, méfiez-vous des routes, elles ne sont jamais vraiment parallèles et on prend le risque en les arpentant de se prendre une autre ligne en pleine face.

Si on voulait dessiner l'intrigue de Landfall, voici ce qu'on pourrait faire : d'abord, tracer deux lignes parallèles, une noire et une blanche, puis, utiliser une ruse de perspective pour faire se rencontrer ces lignes en un choc frontal plutôt brutal (le signifier par un petit gribouillis ou une belle onomatopée comme en bande-dessinée) et poursuivre ensuite son dessin par une longue circonvolution symbolisant le cheminement de Rose qui marche sur les traces de Rosy (avec les baskets de cette dernière aux pieds) et remonte ainsi le passé, aussi bien celui de Rosy que le sien. Pour finir le dessin, un joli petit nœud papillon (qu'on pourrait baptiser nœud libellule dans ce cas précis, vous saurez pourquoi si vous lisez le livre) viendrait réunir ces deux lignes en une fin et un commencement inextricablement liés. Voilà, ça peut paraître compliqué voire ésotérique quand c'est dit comme ça mais c'est ce que ça m'évoque.

Ces considérations géométriques mises à part, j'ai plutôt bien aimé cette lecture avec quelques bémols cependant, notamment celui d'avoir vu venir la fin depuis le début. Après, les personnages sont plutôt bien croqués (peut-être un peu trop baroques pour certains à mon goût mais bon), l'entremêlage des histoires est bien rythmé et l'ambiance post apocalyptique de la Nouvelle-Orléans après le passage et l'ouragan est bien rendue. Ah oui, et puis j'aime bien les secrets de famille. Donc voila, pour conclure je vais dire que ce fut une lecture agréable mais pas une révélation.


Une p'tite phrase au hasard : 


"Cela faisait longtemps qu'elle maîtrisait l'art du “ Ça pourrait être pire”."

Quatrième de couverture : Un matin de septembre 2005, Rose, à peine âgée de dix-huit ans, s’apprête à rejoindre La Nouvelle-Orléans avec sa mère. Les deux femmes vont porter secours aux sinistrés de l’ouragan Katrina. Mais sur la route, leur voiture quitte la chaussée et percute une jeune fille. Cette inconnue, morte dans l’accident, seule et sans le moindre papier d’identité, ne tarde pas à obséder la rescapée. D’autant que dans sa poche on retrouve une page d'annuaire avec les coordonnées de la famille de Rose. Celle-ci n’a alors d’autre choix que de retracer pas à pas le parcours de la victime, à travers une ville en ruine après le passage de l’ouragan.
Landfall est un roman haletant qui révèle les destins croisés de deux jeunes filles, l’une blanche, l’autre noire. Ellen Urbani dresse le portrait de femmes résolues à se battre au cœur de la tourmente.

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